Le sentier de randonnée longue distance Coast to Coast (C2C) serpente sur 306 km à travers les plus beaux paysages du nord de l’Angleterre. Il relie St Bees, sur la côte de la mer d’Irlande, à Robin Hood’s Bay, sur la côte de la mer du Nord, d’où son nom. En chemin, vous grimperez des montagnes rocheuses, longerez des lacs et traverserez des landes et des marais sauvages. Vous passerez par de charmants villages anglais et trois parcs nationaux : le Lake District, les Yorkshire Dales et le North York Moors.
« Il y a vingt ans, j’ai fait cette même randonnée en robe et en baskets. Cette fois-ci, j’étais bien mieux préparée. »
Sarah Meuleman
Sarah Meuleman a parcouru le Coast to Coast Path pour la première fois il y a vingt ans. « J’avais un faible pour l’Angleterre et j’aimais essayer de nouvelles choses. Lorsque j’ai trouvé un petit livre sur ce sentier avec mon compagnon de l’époque, nous avons tout de suite décidé de le faire ! » Près de vingt ans plus tard, elle a retrouvé le petit livre de cette randonnée. « En le parcourant, je me suis demandé ce que cela ferait de redécouvrir cette randonnée aujourd’hui. À quel point la nature et la culture ont-elles changé ? Et à quel point ai-je changé en vingt ans ? » De là, un plan était né.
La diversité des paysages est particulièrement impressionnante. « De nombreux sentiers de randonnée longue distance traversent de bout en bout un paysage similaire. Comme vous traversez l’Angleterre, vous découvrez deux côtes et trois parcs nationaux le long du Coast to Coast. On avait l’impression de se retrouver dans un film différent à chaque fois. »
Ne vous attendez pas à un début en douceur. « Un baptême du feu », c’est ainsi que Sarah qualifie le Lake District. « Les rochers abrupts, le terrain irrégulier, les énormes ascensions qui nécessitent parfois de se mettre à quatre pattes : c’est de loin la partie la plus difficile de la randonnée. » Malgré tout, il s’agit d’un début tout à fait remarquable. « Au sommet des montagnes, vous avez une vue majestueuse sur des paysages spectaculaires. Comme sur le lac Ennerdale, un lac magnifique qui étincelait au soleil. Un spectacle magnifique ! »
Après le côté peu accueillant du Lake District, le cadre devient plus verdoyant, avec des rivières bordant le territoire. « Les Yorkshire Dales, c’est l’Angleterre que vous pouvez voir dans la série Downton Abbey : des collines ondulantes, des murs de pierres sèches, des granges en pierre et beaucoup de troupeaux, un patchwork de champs et de forêts. On avait l’impression de traverser la Comté. »
Ce paysage de landes et de marais a inspiré l’autrice Emily Brontë pour son roman Les Hauts de Hurlevent. « Ici, vous comprendrez vraiment pourquoi il a ce côté rude. C’est un véritable paysage lunaire de landes qui se colore de violet en août. Le vent y souffle fort et lorsqu’il pleut et il n’y a pas d’endroit où s’abriter. Nous avons pu en faire l’expérience nous-mêmes. »
« Beaucoup de randonneurs le sous-estiment », prévient Sarah. « Ils imaginent l’Angleterre comme un pays au cadre idyllique, mais c’est une randonnée difficile. » La rude ascension et le terrain en font un vrai défi. « Dans les descentes, il faut être attentif à chaque pas sous peine de se fouler la cheville. » Le temps peut également compliquer la randonnée : vous traversez les régions les plus pluvieuses et les plus venteuses d’Angleterre, bien que Sarah ait dû faire face à une vague de chaleur.
De plus, Alfred Wainwright, le créateur du sentier, n’y va pas de main morte : les étapes de trente kilomètres sont légion. Sarah recommande d’adapter les distances pour chacun des jours de votre randonnée selon votre propre niveau. « Nombreux sont ceux qui essaient d’aller aussi vite qu’ils le peuvent, mais ils restent coincés dans la philosophie propre à la vie urbaine. Vous n’y trouvez donc aucun plaisir. Si vous n’avez pas le temps ou l’énergie de regarder autour de vous, vous ne pourrez pas profiter des beaux paysages. »
Pour sa première fois, Sarah n’avait aucune expérience de randonnée. « J’avais 20 ans. C’était un mélange de naïveté et d’audace », dit-elle en riant. « Je trouvais les vêtements de randonnée ringards, alors j’ai enfilé une robe. J’avais des baskets, alors pourquoi acheter des chaussures de randonnée ? » Quelle erreur ! « Lors de la première descente, j’avais déjà mal aux chevilles. Et une telle robe n’était pas vraiment confortable dans le vent et sous la pluie. » De plus, dans un champ, une robe rouge légère n’est vraiment pas adaptée, surtout lorsqu’il faut porter son sac à dos très lourd.
Bien que Sarah ait atteint la côte de la mer du Nord il y a deux décennies, cette fois-ci, sa préparation était différente. Il faut remercier en partie son compagnon (d’étape) Mark qui, en tant qu’amateur d’équipement, l’a convaincue des avantages des pantalons modulables, des chaussures de randonnée et d’un système d’hydratation avec tuyau. « De vous à moi, je pense toujours que les pantalons modulables sont ringards, mais ils sont sacrément pratiques lorsque le temps oscille constamment entre le chaud et le froid. Et mes chevilles ne m’ont pas du tout fait souffrir cette fois-ci. Du moins jusqu’à ce que je tombe dans un trou de boue dans le North York Moors. » (rires)
• Des couches, des couches et encore des couches ! Sarah est partie avec des sous-vêtements thermiques dans son sac à dos, mais elle est arrivée en Angleterre en pleine canicule. Grâce aux couches, vous êtes paré à toute éventualité.
• Il n’y a nulle part en Angleterre où il pleut autant que dans le Lake District. Alors, pensez à emporter une veste imperméable et un pantalon de pluie.
• Sarah a prouvé qu’il était possible d’effectuer le Coast to Coast en baskets, mais nous ne vous le recommandons pas. Choisissez plutôt de solides chaussures de randonnée.
• Les bâtons de randonnée valent également leur pesant d’or sur les rochers accidentés du Lake District et dans les landes du North York Moors.
• Pour le moment, l’itinéraire n’est pas balisé. Combinez carte et GPS pour vous déplacer en toute sécurité d’une côte à l’autre.
Il y a vingt ans, Sarah s’est retrouvée à dormir dans une grange, pour quelques livres sterling. « Cela semblait fantastique, jusqu’à ce que je sois allongée. On sentait le bois pourri et nous n’avions même pas de matelas. Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit. C’est la seule fois où j’ai séjourné dans une telle grange. »
Heureusement, il existe de nombreuses alternatives. Cette fois-ci, elle a séjourné dans des B&B chez l’habitant et des pubs. « Les propriétaires se sentent responsables de leurs randonneurs. Ils vous accueillent chez eux et, le matin, ils vous préparent avec beaucoup de soin un petit déjeuner anglais. »
Le camping sauvage n’est pas autorisé sur l’itinéraire, mais il existe de nombreux campings (à la ferme) où vous pouvez planter votre tente.
« Pour le moment, il n’y a pas de signalisation, mais cela va changer lorsque le sentier Coast to Coast deviendra officiellement un sentier national en 2025 », explique Sarah. Mark a proposé d’utiliser un GPS pour la randonnée, mais la grande romantique qu’est Sarah ne jurait que par le petit livre de randonnée et la carte qu’elle portait plastifiée avec une ficelle autour du cou.
Au cours du voyage, elle a changé d’avis. « J’étais fatiguée », admet-elle. « Il nous arrivait d’aller dans le mauvais sens et on se chamaillait à ce sujet. Ce n’est pas simple à suivre : quand les instructions disent de traverser un champ, il peut s’agir d’une centaine d’endroits différents. » Bien que Sarah ait d’abord maudit le « côté bureaucratique » du GPS, celui-ci lui a aussi apporté une certaine tranquillité d’esprit. « Savoir que nous étions sur la bonne route m’a permis d’avoir le temps et la possibilité de regarder autour de moi. »