Bain de forêt : de quoi s'agit-il et comment s'y prendre ?

DLa Finlandaise Katriina Kilpi vit en Belgique depuis 2006. « Ici, toutes les forêts portent un nom », fait-elle remarquer. « Pas en Finlande. Chez nous, les villes, villages et lacs portent des noms, mais le pays se compose à 80 % de forêts. C’est l’écosystème par défaut. »

Amoureuse de la forêt, Katriina s’est donné pour mission d’attirer un maximum de personnes dans la forêt et de leur faire découvrir les effets bénéfiques de la nature. « Quel plaisir de profiter de la nature en période de stress ! Tout le monde sait que la nature a un effet apaisant sur le corps et réduit le stress. » Elle a rédigé Zakboek voor het Bosbaden avec Sarah Devos, une autre amoureuse de la forêt.

Au Japon, les bains de forêt sont devenus un phénomène dans les années 1980. « À l’époque, les gens travaillaient toute leur vie pour la même entreprise. Leur travail, c’était leur vie ! Cela s’est traduit par de nombreux burn-out », explique Katriina. « Ils perdaient le contact avec la nature, car ils ne s’intéressaient qu’à leur travail. C’est pourquoi les Japonais ont été encouragés à pratiquer le "shinrin yoku" (bain de forêt). C’était une réaction intuitive. En effet, intuitivement, tout le monde sent que la nature est bonne pour la santé et le bien-être. Dès que l’on prend l’air et que l’on profite de la nature, tout va mieux et la vie devient plus facile. Ce n’est qu’aujourd’hui, des années plus tard, que des recherches sont menées sur le sujet. Aujourd’hui, la nature est à la mode. Les gens ressentent le besoin d’échapper au tourbillon de la vie et de découvrir la force de la nature. »

Au vu de notre mode de vie actuel, nous pensons que nous n’avons plus besoin de la nature, estime Katriina : « Nous faisons nos courses au supermarché et ne nous intéressons pas à l’origine des aliments. L’eau coule du robinet sans que nous sachions exactement d’où elle vient. Ce n’est pas un hasard si de nombreuses personnes pensent que nous pouvons nous passer de la nature. Mais au fond de nous, nous aspirons à cette connexion. »

Le corps médical reconnaît également l’importance de la nature pour booster la santé mentale. « Il y a tellement de preuves scientifiques que les médecins recommandent à leurs patients une dose de nature, en plus de leur traitement médicamenteux. Peut-être sommes-nous en train d’évoluer vers le moment où de plus en plus de gens feront confiance à la nature pour se soigner ? » 

Là encore, le pays du soleil levant fait office de précurseur : « Au Japon, il existe des centres de sylvothérapie où les visiteurs composent leur propre cocktail de yoga, d’observation des étoiles, de marche pieds nus… L’objectif est de favoriser la connexion avec la nature. »

« Personnellement, je me sens parfaitement à l’aise dans la forêt. C’est un espace sûr pour moi. Ce n’est évidemment pas le cas pour tout le monde », reconnaît Katriina, « mais cela fait toujours du bien. »

« De plus en plus de recherches sont menées sur les effets des bains de forêt sur la santé et les résultats sont impressionnants ! La forêt vous apaise. La quantité de cortisol dans votre sang diminue, votre rythme cardiaque redevient idéal, votre tension artérielle est optimale. La nature vous détend complètement. Votre corps retrouve son calme, ce qui soulage également votre tête. Vous faites ainsi de la place pour de nouvelles idées et trouvez spontanément des solutions à des problèmes qui vous taraudent depuis un moment. En bref, la nature a un effet merveilleux sur nous : elle nous calme et nous rafraîchit les idées. »

Voilà, vous êtes dans la forêt. Mais que devez-vous faire exactement ? Quelle est la différence entre une « simple » randonnée et un bain de forêt ? « Explorez la forêt avec des yeux d’enfant. Laissez-vous guider par l’enfant qui sommeille en vous. Ce n’est pas aussi facile que cela en a l’air », ajoute Katriina. « En effet, nous avons peur de nous salir, nous semblons avoir besoin d’une permission pour toucher les choses et nous trouvons cela bizarre de sentir des plantes. En fait, nous sommes tout simplement trop bien élevés », résume-t-elle. « Mais je le répète : faites-le quand même ! Sentez les feuilles sèches, touchez un tronc d’arbre et enfoncez vos doigts dans la terre humide. Oui, vous allez vous salir les mains, mais votre corps a précisément besoin de cette exposition aux microbes naturels. »

Lors d’un bain de forêt, fiez-vous à votre instinct et non à votre cerveau. « Faites surtout ce que votre corps vous demande de faire. Si vous voulez vous asseoir sur un tronc d’arbre renversé, vous allonger sur un tapis de mousse ou sentir une fleur : faites-le ! Permettez à vos sens de se connecter à votre corps. Arrêtez de réfléchir un moment et laissez vos sens prendre le dessus : utilisez-les un par un. Restez immobile et fermez les yeux pour permettre à vos autres sens de s’éveiller. Essayez de prendre conscience de la nature : observez la forme et la couleur des feuilles, votre marche, la sensation de l’air sur votre peau, les mouvements du soleil… »

Katriina préfère se rendre dans la forêt tôt le matin. « Les autres personnes présentes à ce moment-là viennent chercher la même chose : elles sont respectueuses et ne vous dérangeront pas. Si vous y allez un après-midi pendant le week-end, lorsque les familles et randonneurs se pressent dans la forêt, vous aurez plus de difficultés à vous détendre pleinement. »

Vous avez peur de partir seul(e) en forêt et préférez être accompagné(e) ? Anthony Bal de Treewise se fera un plaisir de vous emmener. Il guide des groupes de 8 à 10 personnes lors d’un bain de forêt d’environ trois heures trente. Parfois, ce sont des groupes d’amis ou de collègues, parfois des inconnus.

« Au début, les participants sont enthousiastes et veulent avancer rapidement. Mon rôle est de les ralentir et de les encourager à profiter du moment présent », explique Anthony. « Nous ne marchons pas très loin, environ un kilomètre et demi au total. En chemin, je raconte parfois une anecdote, mais la plupart du temps, c’est le silence. De nombreuses personnes sont alors perdues, car elles sortent de leur zone de confort et sont ainsi souvent confrontées à elles-mêmes : elles s’écartent de leur liste de tâches à accomplir et leurs pensées tourbillonnent dans leur tête. Mais au bout d’un moment, le bain de forêt fait automatiquement taire ces pensées. » 

Lors du bain de forêt, Anthony invite les participants à faire un maximum d’expériences : « Je leur demande par exemple d’enlever leurs chaussures et de marcher sur un sentier pieds nus. Ils prennent ainsi réellement conscience du contact avec le sol sous leurs plantes des pieds. Ou je leur dis de toucher les arbres : c’est souvent magique. Ou de sentir tout ce qu’ils croisent en chemin. Je les aide à se concentrer sur ce qu’ils ressentent. » Spoiler : vos sens seront ravis !
« La forêt est notre biotope naturel. C’est pourquoi elle est si importante pour le corps et l’esprit. »