À la découverte des îles Féroé

Elles frappent depuis longtemps l’imagination de tous les voyageurs en quête de beauté de la nature. Mais la constance des merveilles de la nature qui s’y déploient n’a d’égal que les fluctuations de la météo. Pour beaucoup, ce sera une raison suffisante de ne pas mettre cette destination sur leur liste de choses à faire avant de mourir. Or c’est justement ce climat si caractéristique qui fait le charme de cet endroit. De temps à autre, le ciel se pare de toutes les nuances de gris et le vent peut souffler très fort. L’archipel se montre farouche à dévoiler ses merveilles, mais ce qui se révèle aux voyageurs chaque fois que le ciel gris se lève enfin est d’une incroyable beauté.

Les îles Féroé, un ensemble de dix-huit îles au passé volcanique, font partie du territoire danois, mais bénéficient d’un haut degré d’autonomie étant donné leur éloignement du continent. Elles ont leur propre dialecte féroïen et surtout leur identité spécifique. 

Au nord-ouest de la plus grande île de l’archipel, Streymoy, vous trouverez le petit village de Saksun. Il n’abrite qu’une simple petite église blanche surplombant une lagune de sable noir, cernée de petites maisons du XIX^e siècle aux toitures végétales. Seules 35 âmes y vivent. Hans, qui a soigneusement rénové une maison de pêcheur pour en faire un logement de vacances, témoigne : « Je suis venu ici pour trouver le silence. » C’est en effet l’une des caractéristiques majeures des îles Féroé. 

Quelque 20 000 personnes, soit 40 % de la population, vivent à Tórshavn, la (petite) capitale de l’archipel. Les ruelles entre les habitations et les entrepôts peints en rouge et noir sont accueillantes. Tous les endroits sympas sont accessibles à pied. Le dimanche, une foule impressionnante s’y promène dans des tenues traditionnelles très élégantes.

Certains se rendent au restaurant Katrina Christiansen pour le « Sunday roast », un savoureux rôti d’agneau assorti d’accompagnements et préparé selon la recette d’une grand-mère féroïenne. Les autres jours, le menu se compose de mets s’adressant aux gastronomes un peu plus audacieux, car ils sont cuisinés à base de produits locaux et fermentés. Au restaurant Raest du chef Poul Andrias Ziska, les produits fermentés composeront même intégralement votre assiette, à l’exception de l’agneau et du poisson séchés au vent.

À une demi-heure de Tórshavn, on retrouve le chef Ziska derrière les fourneaux du KOKS, un petit restaurant où de l’herbe pousse sur le toit, mais où les plats sont d’une qualité telle que Michelin lui a déjà décerné deux étoiles. L’assiette proposée regorge de beaux produits de la mer, présentés avec simplicité et originalité. Les Féroïens eux-mêmes décrivent essentiellement cet établissement comme un restaurant « ne servant pas de viande de mouton ». 

Prêter votre voiture à un parfait inconnu : voilà bien une chose à laquelle vous ne songeriez pas une seule seconde. Or, sur les îles Féroé, cette réticence fait place à de la chaleur humaine, notamment à cet instant précis où vous cherchez à vous faire raccompagner après une longue marche.

Pour l’insulaire moyen, la vie est beaucoup plus confortable aujourd’hui, mais pour les moutons, les choses n’ont pas vraiment changé. Ils sont environ 70 000. Le fait d’être nés sur une pente plus raide que la moyenne permet à ces animaux de sautiller sur les rochers les plus hauts sans la moindre difficulté. Mais même s’ils semblent parfois perdus ou esseulés, ils appartiennent toujours à quelqu’un.

Au moment de la tonte, les éleveurs rassemblent tout le troupeau avec l’aide de chiens parfaitement dressés. La laine fournie par les moutons est réputée pour sa qualité exceptionnelle.

Si les moutons apprécient les falaises des îles Féroé, les oiseaux les adorent tout autant. Le grand favori du public étant le photogénique macareux. Chaque année, des millions de macareux se donnent rendez-vous sur l’île. Ils pondent un œuf, le couvent puis s’envolent à nouveau. Il y a quelques années encore, les casse-cous locaux rivalisaient de créativité pour capturer ces adorables volatiles : munis de leur épuisette, ils n’hésitaient pas à se suspendre à une corde oscillant au bord de la falaise. Ce n’était certes pas très respectueux des animaux, mais il faut admettre qu’il leur était difficile de résister à un mets aussi délicat après avoir dû manger la même chose pendant des mois. Et qu’est-ce qu’on donnerait cher pour ça ! 

La meilleure période pour observer les oiseaux s’étend donc de la fin du mois d’avril au début du mois de septembre. À Vestkapp, vous trouverez les falaises les plus spectaculaires, que vous pourrez admirer le temps d’une excursion en bateau depuis Vestmanna. Prévoyez un objectif grand-angle et assurez-vous que votre appareil photo puisse résister à un choc ou à quelques gouttes. Et surtout, n’oubliez pas de bien vous tenir. 

Les îles Féroé disposent de leur propre aéroport, Vágar, et d’une compagnie aérienne nationale, Atlantic Airways. Vous trouverez des vols directs depuis Paris. Toutefois, si vous avez un peu de temps devant vous, vous pouvez également vous rendre aux îles Féroé en voiture et en ferry. Rendez-vous dans ce cas à Hirtshals au Danemark (il faut compter un peu moins de 12 heures de route), où vous garerez votre voiture sur le ferry qui vous emmènera ensuite à Tórshavn en 36 heures. Quant à ceux qui souhaitent aborder leur voyage sous un angle plus écologique, ils peuvent prendre le train pour Hirtshals depuis Bruxelles-Midi ou Amsterdam.