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Avec sa marque Ayacucho®, A.S.Adventure soutient Solid depuis 2009. Cette ASBL belge soutient des projets sociaux dans des zones défavorisées au Pérou, au Kenya et en Inde. Ainsi, les jeunes issus de milieux vulnérables de la région péruvienne d'Ayacucho apprennent non seulement les ficelles du métier d'agriculteur, mais aussi de solides bases concernant l'esprit d'entreprise. Le nom du projet : Jovem.
Dans la campagne de la province d'Ayacucho, dans les Andes péruviennes, Yaki Lopez (24 ans) se prépare à emporter sa marchandise en ville. Elle noue les roses fraîchement cueillies en bottes, les enveloppe dans une couverture traditionnelle aux couleurs vives et porte le tout sur son dos comme un sac postal. Comme chaque semaine, elle vendra les roses à un fleuriste de la ville d'Ayacucho. Yaki est très jeune, mais son entreprise tourne bien, et elle ne le doit qu’à elle-même. Avec l'aide de ses parents, elle a construit une serre de roses au bord de l’eau.
Impressionnant ? C’est le moins qu’on puisse dire ! Mais ce n’est pas tout : Yaki est toujours étudiante. Lorsqu'elle est plongée dans ses livres scolaires, ses parents prennent en charge le travail dans la serre. Inge Overmeer, responsable des ventes et de la durabilité chez Solid, est très fière lorsqu'elle évoque Yaki. La jeune femme péruvienne a fait forte impression. « Principalement en raison de son enthousiasme et de sa persévérance. Lorsque, la première fois, elle n'a pas été sélectionnée pour le programme, elle s’est mise à travailler encore plus dur pour retenter sa chance. »
Yaki fait partie des nombreux anciens participants au projet Jovem, abréviation de jóvenes emprendedores, ou jeunes entrepreneurs. Dans la ferme Montefino en province d'Ayacucho, des jeunes de 15 à 23 ans issus des campagnes environnantes sont initiés de manière intensive à la vie agricole pendant trois ans. Pendant la semaine, les jeunes vont à l'école. Le week-end, ils se rendent à l’étable pour apprendre à augmenter le rendement laitier d'une vache, fabriquer du fromage, du miel ou cultiver du quinoa biologique.
« Pendant la semaine, les jeunes vont à l'école. Le week-end, ils apprennent à augmenter le rendement laitier d'une vache, fabriquer du fromage ou cultiver du quinoa biologique. »
La formation va au-delà du métier d’agriculteur. L'équipe de Solid ne se contente pas d'enseigner aux jeunes les techniques nécessaires : elle leur apprend aussi à gérer les chiffres de leur entreprise. Mais ils apprennent également à prendre soin de la terre en utilisant l'énergie et l'eau de manière durable, en protégeant le sol de l'érosion et en recyclant. En outre, il y a de la place pour le développement personnel, pour grandir en tant que personne. Le respect de l’humain et de l’environnement fait la philosophie de Solid.
Solid veut donner aux personnes vivant dans des communautés vulnérables, souvent rurales, au Pérou, en Inde et au Kenya, les outils nécessaires pour se créer un meilleur avenir. Il ne s’agit pas uniquement de leur donner quelque chose, mais aussi de travailler avec eux. Selon Inge Overmeer, Solid peut se résumer en trois phrases :
La formation des jeunes est en place depuis 2017, mais Solid est actif dans le domaine de l'agriculture au Pérou depuis un certain temps déjà. Depuis 2006, l’ASBL collabore avec des cultivateurs de quinoa. Ce partenariat a connu un tel succès qu'il a donné naissance au spin-off Solid Food. Ses bénéfices permettront de financer les projets sociaux de Solid, tels que Jovem. « Nous avons commencé comme une pure organisation à but non lucratif », explique Inge. « Aider les familles vulnérables, c’était ça le but. Mais la réalité nous a vite frappés : quelles que soient les compétences acquises par une personne, sans un marché du travail équitable, elle sera toujours dépendante. »
Solid veut plus d’impact et a décidé de changer son fusil d’épaule. Désormais, l’organisation mise sur le bénéfice social. S'il n'existe pas de marché du travail équitable - avec des salaires équitables - Solid en créera un lui-même en indemnisant correctement les agriculteurs ou en étant intransigeant sur les salaires dans les ateliers de tricotage. « Lors des négociations avec les clients, nous pouvons suggérer un fil moins cher ou un design plus simple, mais nous ne remettons jamais en cause le salaire de nos travailleurs. Le fil rouge social est primordial. »
Solid croit en un modèle financier hybride. Les bénéfices d'un projet permettent d'en financer un autre. « Notre ambition à long terme est que nos entreprises sociales, comme l'atelier de tricotage, deviennent suffisamment rentables pour soutenir tous les projets sociaux. En toute honnêteté, nous n'en sommes pas encore là. » Ce qui, en soi, n’est pas illogique, pense Inge. « Ce n’est déjà pas évident de créer une entreprise rentable en Belgique. Alors, imaginez un peu à Ayacucho et avec nos principes sociaux ! »
« Notre ambition à long terme est que nos entreprises sociales, comme l'atelier de tricotage, deviennent suffisamment rentables pour soutenir tous les projets sociaux. »
Si nécessaire, les fonds ajustent la différence. C’est là qu’intervient A.S.Adventure Ce n'est pas pour rien que nous avons baptisé notre marque Ayacucho®. Les femmes de cette province réalisent la plupart des tricots pour les accessoires de la collection Ayacucho®, tels que les bonnets et les écharpes. Depuis 2009, chaque vente de cette collection permet de récolter des fonds pour les projets de Solid. Ainsi, nous aimerions, avec l’aide de nos clients, contribuer à toute la beauté que Solid crée au quotidien — au Pérou, mais aussi au Kenya et en Inde. La Collibri Foundation de Colruyt soutient également le projet Jovem. Plus les dons sont nombreux, plus les réalisations sont importantes.
42 ans.
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Ingénieure agronome de formation, spécialisée dans l'agriculture tropicale.
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A travaillé pour Solid à Ayacucho, au Pérou, en tant que volontaire en 2006.
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Employée par Solid depuis 2014.
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A commencé par faire le suivi des programmes agricoles de Solid.
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En charge des ventes, du marketing et de la durabilité des ateliers d'artisanat.
Au départ, l’étable Montefino, située à 3 800 mètres d'altitude, se concentre exclusivement sur l'élevage de bovins. « Nous voulions devenir un centre de connaissances pour les producteurs laitiers » Mais très vite, Solid réalise que l’étable peut signifier bien plus. De nombreux jeunes de la campagne rêvent d'un avenir meilleur en ville, un projet souvent obscurci par la dure réalité. Le niveau d'éducation au Pérou est de toute façon médiocre - sauf pour ceux qui peuvent se permettre une école privée extrêmement coûteuse - mais il l'est encore plus dans les petites écoles rurales. En conséquence, les jeunes des campagnes travaillent en ville pour des salaires de misère, comme cireurs de chaussures ou vendeurs de rue. Les conditions de vie y sont également plus misérables que dans leur village.
Avec Jovem, Solid montre que d'autres options existent. En revitalisant les campagnes. « Nous n'allons pas arrêter l'exode rural avec ce projet. Cependant, nous essayons d'offrir une alternative à ces communautés. Nous veillons à ce que les jeunes des montagnes, souvent ignorés, puissent devenir des personnes fortes et matures qui jouent un rôle de premier plan dans leur village. » Aujourd’hui, la ferme prospère. Il y a des vaches et des cochons, des cobayes domestiques (ou « cochons d'Inde »), des alpagas et des poulets. Il y a des ruches d'abeilles, des étangs à truites et une fromagerie qui a déjà été primée. Dans les serres et les champs, on cultive des roses, des fraises et des myrtilles, en plus des cultures locales telles que le quinoa, la cañihua, le kiwicha et le tarwi. Montefino devient le point central de la société locale.
« Les jeunes de la campagne travaillent souvent pour un salaire de misère dans les villes. Avec Jovem, Solid veut montrer que d'autres options existent, même dans leur village natal. »
« C’est en forgeant qu’on devient forgeron ». L’accent est mis sur la pratique, ce qui contraste violemment avec la façon d'enseigner au Pérou. Apprendre à cuisiner sans casser un œuf, c’est ainsi qu’Inge décrit la pédagogie locale. « Pour rester dans le domaine agricole : les jeunes apprennent à traire une vache… dans un livre. Très théorique, sans aucune attention pour le bien-être personnel ou les compétences individuelles. »
Jovem adopte une approche complètement différente. À la ferme Montefino, on se retrousse les manches ! Solid met les jeunes au défi de travailler très dur. Ce qu’ils gagnent, ils le méritent. « Les jeunes paient une petite somme pour la formation, cinq euros par mois », explique Inge. « Ceux qui ne peuvent pas se le permettre contribuent en nature : soit ils apportent des pommes de terre, soit leurs parents viennent aider à la ferme. La formation ne leur est pas gracieusement offerte sur un plateau d’argent. Nous avons en effet remarqué que ce n'est pas ainsi qu’on apprécie les choses à leur juste valeur. »
Inge est fermement convaincue que cette approche accroît la motivation. Elle se souvient de la façon dont Solid a essayé d'améliorer le logement des gens. Grâce à de simples ajustements permettant une meilleure évacuation de la fumée du feu de cuisson, le risque de maladie pulmonaire a été réduit. « Les villageois n'ont pas eu à payer pour l'aide apportée par nos équipes, mais ils ont payé pour leur nouveau poêle. Plus tard, quand une autre organisation est venue installer des cuisines gratuitement, les gens ont dit : "Vous êtes fous ? J’ai tellement économisé pour cette cuisine, je ne vais pas m’en séparer comme ça." Ce genre de remarque prouve qu’ils y accordent une certaine valeur. »
Chaque année, une cinquantaine de jeunes commencent la formation dispensée par des collaborateurs locaux. Chaque année, 92 % d’entre eux achèvent la formation. Après deux ans à la ferme arrive le moment de vérité. Sous une supervision intense, les jeunes créent leur propre entreprise. « Permettre aux jeunes de créer leur propre entreprise familiale, si petite soit-elle, telle est la principale intention de Jovem », déclare Inge. Et la réussite est au rendez-vous : 96 % des diplômés ont une entreprise rentable.
« Permettre aux jeunes de créer leur propre entreprise familiale, si petite soit-elle, telle est la principale intention de Jovem. »
Yaki est donc loin d'être la seule à avoir eu droit à sa success-story. « Beaucoup de ces jeunes gens s'en sortent très bien. La demande de leurs produits augmente plus vite que l'offre. » Voici quelques exemples : un garçon avec vingt poules qui propose des œufs biologiques, un fabricant de miel, ou une fille qui cultive du quinoa bio à côté de ses études. Ce sont des petites entreprises familiales qui font une réelle différence dans la vie de la région rurale d'Ayacucho. « Ce n'est pas énorme, mais ça n'a pas besoin de l'être », précise Inge.
Lors de son dernier voyage de travail au Pérou, en janvier 2020, elle a rencontré Nilton Gomez Delacruz. Les parents de ce garçon de 15 ans voulaient l'inscrire dans un collège en ville, mais il a délibérément choisi d'étudier à Jovem. « Il en avait entendu parler, s'était informé et avait convaincu ses parents », raconte Inge. « Il ne voyait pas son avenir dans une grande entreprise, où il travaillerait, comme un maillon d’une grande chaîne, au profit d'un autre. Non, il voulait rester à la campagne, proche de ses racines, et agir pour sa propre communauté. C'est pour ces jeunes-là que nous agissons. »
Au Pérou, Rosalvina et Efraín travaillent pour Solid. Découvrez ces employés motivés.
Depuis 2009, chaque produit Ayacucho vendu par A.S.Adventure finance les projets de Solid.