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La vie est pleine de merveilles si vous y faites attention. Ouvrez l’œil, regardez plus loin que le bout de votre nez et qui sait ce que vous rencontrerez en chemin… La preuve avec ces magnifiques récits de personnes sorties de leur zone de confort quotidienne ou professionnelle et qui nous ont inspirées l’an dernier.
Bart Augustijns
AMOUREUX DES OISEAUX
Il est le premier à avoir photographié un aigle impérial en Belgique.
Kim Cheruy
COUTURIÈRE
Elle a fabriqué des poches pour les koalas et kangourous.
Mark Cornish
CONSULTANT
Il a lutté contre la marée noire à l’île Maurice avec sa famille.
Kris Lingier
POMPIER
Il a nagé avec un dauphin dans la mer du Nord.
Philippe Verbelen
EXPERT FORESTIER
Il a découvert une nouvelle espèce ornithologique en Indonésie.
Maarten Cuvelier
ARBORICULTEUR
Il a repéré un loup et un lynx… en Belgique !
Le 12 avril, Bart Augustijns observait les rapaces en vol depuis son jardin à Heule (Courtrai). Il s’adonne souvent à cette activité au printemps et à l’automne, quand les oiseaux changent de zone d’habitat. « L’avantage des oiseaux, c’est que l’on peut parfois observer les choses les plus folles dans les endroits les plus fous », se réjouit Bart. En 2017, il a par exemple photographié un aigle botté, alors qu’il faisait encore figure d’exception dans le ciel belge. « Les conditions étaient extrêmement bonnes ce jour-là : de nombreux oiseaux remontaient du sud et la direction du vent était favorable. »
Cette fois, ce n’était pas le cas. Pourtant, Bart s’est installé au jardin. Après avoir observé un épervier quelque temps, il a subitement aperçu autre chose : la silhouette d’un oiseau qui filait haut dans le ciel ! Bart a d’abord pensé à un balbuzard pêcheur. Il s’est empressé de le suivre avec son appareil photo. « L’objectif d’un appareil photo ne permet pas de voir autant de détails que des jumelles ou un télescope, mais j’ai immédiatement compris que c’était une espèce spéciale. En tout cas un aquila, l’un des "véritables" grands aigles. »
Il a pris des photos de l’animal et les a partagées avec des ornithologues amateurs. Conclusion ? Il s’agissait d’un aigle impérial observé pour la première fois dans notre pays. Quel plaisir pour Bart ! « D’autres observateurs m’ont félicité ! J’ai certainement eu un peu de chance, car cela s’apparente parfois à chercher une aiguille dans une botte de foin ! Si mon regard avait suivi cet épervier dix secondes de plus, je n’aurais peut-être pas vu cet aigle ! »
Que pouvons-nous lui souhaiter en 2021 ? « En Espagne, j’ai un jour pu admirer des aigles de Bonelli, des rapaces spectaculaires ! Au printemps dernier, on pouvait aussi en apercevoir dans le ciel belge. J’aimerais en voir chez nous aussi ! »
Un article scientifique paru dans Science en janvier 2020 décrivait cinq nouvelles espèces ornithologiques découvertes sur les îles indonésiennes de Peleng et Taliabu. Philippe Verbelen et un ami allemand ont aperçu pour la première fois l’une d’entre elles, le pouillot de Peleng, il y a dix ans. En tant qu’expert forestier de Greenpeace, ornithologue et véritable aventurier, Philippe a pris une année sabbatique en 2009 pour observer les oiseaux en Indonésie. Mais ce n’était pas sa seule découverte puisqu’il a aussi répertorié de nouvelles espèces sur les îles indonésiennes de Rote, Alor et Togian, ainsi que dans l’archipel africain de Sao Tomé et Principe.
Comment a-t-il commencé ? « Il faut parfaitement se préparer et passer beaucoup de temps dans une région », explique Philippe. « Cela fait 25 ans que je pars régulièrement en Indonésie : je suis donc capable de reconnaître les espèces ornithologiques habituelles. » Il répertorie ensuite les domaines qui présentent un grand potentiel. Il se concentre sur les îles et régions que les amateurs d’ornithologie n’ont pas encore trop explorées. Il peut s’agir d’une chaîne de montagnes sauvage, mais aussi d’une jungle sur une petite île dédiée au surf. « Je m’efforce de m’enfoncer aussi profondément que possible dans les bois ou de grimper au sommet des montagnes. Je cherche à m’isoler un maximum, car c’est dans la nature la plus intacte que l’on fait les plus belles découvertes ! Je me lance aussi un défi, car j’adore camper. »
(Philippe Verbelen, ornithologue)
Des guides et porteurs qu’il recrute dans les villages locaux lui tiennent compagnie. « Il est essentiel de connaître la langue du pays quand vous partez explorer des bois. Vous pouvez ainsi expliquer pourquoi vous vous nourrissez exclusivement de nouilles et sardines pendant une semaine alors que vous êtes sous la pluie dans la jungle. Et vous bénéficiez également des meilleurs guides qui connaissent les bois et animaux. » Philippe insiste : la « nouveauté » d’une espèce est relative. « En effet, ces espèces sont nouvelles pour la science, car elles n’ont jamais été observées auparavant. Mais cela ne signifie pas que les locaux ne les connaissent pas ! »
Dans la forêt tropicale, il convient de rassembler un maximum de preuves. Comme Philippe se rend en Indonésie en tant qu’amateur, il ne peut pas capturer d’oiseaux. Il recueille dès lors des enregistrements sonores, photos et coordonnées GPS. Ensuite, des scientifiques indonésiens utilisent ce matériel pour capturer des oiseaux, les mesurer et prélever des échantillons d’ADN. L’objectif est de déterminer s’il s’agit d’une nouvelle espèce ornithologique. En découvrir prend souvent du temps et nécessite un travail d’équipe. La persévérance, c’est crucial. « Je campe parfois deux semaines dans un bois avant de pouvoir photographier un oiseau. Il est aussi déjà arrivé que mon équipement audio me lâche en pleine nuit, juste au moment où j’entendais un hibou particulier. J’ai alors dû me rendre sur une autre île pour acheter un nouvel appareil. »
Pour Philippe, cela fait partie du charme du travail sur le terrain : il faut non seulement être un scientifique, mais aussi un aventurier. Les oiseaux constituent une bonne motivation pour explorer de magnifiques régions. « Cela me détend », dit-il. « Si je trouve une nouvelle espèce, c’est fantastique ! Si pas, j’apprécie quand même tout autant la recherche. »
© Philippe Verbelen
L’été dernier, l’Ostendais Kris Lingier et ses amis étaient partis plonger dans une épave en France, au large de la Côte d’Opale. Un grand dauphin les a surpris en les rejoignant ! « Nous nous sommes arrêtés à six mètres de profondeur, comme d’habitude », témoigne Kris. « C’est là que ce dauphin est soudainement apparu. Nous étions très surpris, car nous n’attendions pas un si grand animal dans la mer du Nord. Mais quel plaisir ! Il est resté près de nous 45 minutes. »
Kris a découvert la plongée dans le cadre de son emploi de pompier. « J’ai immédiatement attrapé le virus ! Nous sortons régulièrement avec mes amis du club de plongée, que ce soit en Zélande, dans les carrières de marbre liégeoises ou en mer du Nord. » Et même si la présence d’un dauphin est une exclusivité, Kris affirme que la mer du Nord est pleine de vie. « On y trouve notamment des cabillauds et homards. Quand vous plongez pour explorer une épave, vous pouvez parfois regarder dans les tubes d’un canon. La plongée m’apaise beaucoup. »
Fin 2019, des feux de forêt ont ravagé l’Australie. Ils ont tué un nombre impressionnant d’animaux. Kim Cheruy de Geel a eu le cœur brisé en voyant un bébé koala accroupi près du corps calciné de sa mère. « J’en ai pleuré. Je me soucie beaucoup du sort des animaux en détresse. » Kim aime les animaux depuis sa plus tendre enfance : petite, elle s’occupait d’oiseaux orphelins et de souris presque noyées. « Si je pouvais, j’ouvrirais un refuge », rit-elle.
(Kim Cheruy, couturière)
De nombreux petits koalas et kangourous ont perdu leur mère, c’est pourquoi des poches étaient particulièrement recherchées. En tant que couturière professionnelle, Kim a lancé un appel pour récolter des taies d’oreiller qui, moyennant quelques transformations, peuvent servir d’abris pour les animaux. Énormément de gens ont réagi. « C’était incroyable », explique Kim. « Même des gens de Grammont nous ont apporté des taies, alors que c’est à deux heures de route de Geel ! C’était une période à la fois très agitée et réconfortante. »
Des bénévoles regroupaient les taies d’oreiller dans toute la région. Lors de deux ateliers de couture, soixante personnes ont cousu quelque 3 000 à 4 000 poches et 400 moufles ! Ces dernières permettaient d’éviter que les koalas lèchent leurs pattes brûlées. « Au total, nous disposions de cinq palettes, soit un camion plein », ajoute fièrement Kim. En Australie, Wildlife Rescue Fraser Coast a accueilli les colis à bras ouverts ! Kim continue d’apporter son aide à l’Australie. Elle a placé une tirelire dans son atelier de couture pour soutenir une organisation locale. « Je ne récolte pas d’énormes sommes, mais j’ai déjà envoyé 230 euros. »
L’île Maurice est l’un des rares véritables paradis sur terre. Pensez aux eaux turquoise et aux gracieux palmiers. Jusqu’à ce qu’un cargo japonais s’échoue sur un récif au large des côtes en juillet 2020. La catastrophe naturelle est survenue lorsque le pétrole a commencé à s’échapper du navire. Les autorités n’ont rien fait pour protéger les mangroves, plages, récifs et réserves naturelles. La population locale est donc passée à l’action ! Mark Cornish, un habitant de Zoersel d’origine britannique, vit à l’île Maurice depuis dix ans déjà.
« Je devais travailler, donc ce sont surtout ma femme, Christabel, et mes enfants, Ameline, Eloise et Melody, qui ont apporté leur contribution », explique Mark. « Ils ont fabriqué des booms, des sortes de boudins de 40 centimètres de diamètre et de 50 à 60 mètres de long, et les ont remplies de feuilles de canne à sucre. Il en pousse partout ici. Des bouteilles en plastique ont permis de faire flotter l’installation. Grâce à ces booms, ils ont ainsi créé des murs en mer pour endiguer le pétrole. » Selon Mark, la catastrophe écologique a eu des répercussions sociales sur les gens. « Ils sont furieux contre le gouvernement et se sont mobilisés. Des usines ont nettoyé des zones, tandis que des entreprises ont mis des camions à disposition. »
Les conséquences de la marée noire sont actuellement difficiles à évaluer. Mais une chose est sûre : si des citoyens lambda comme Mark et sa famille n’étaient pas intervenus, la situation aurait encore dégénéré.
Début septembre, un piège photographique a permis de capturer des images d’un lynx dans la vallée de la Semois. C’était la première preuve concrète de la présence de l’animal dans nos contrées après des années d’observation. Elle a été prise par Maarten Cuvelier, un amoureux de la nature de Onze-Lieve-Vrouw-Waver, qui avait installé sa caméra une semaine plus tôt dans les Ardennes. « J’avais même dit à ma femme que ce serait chouette d’apercevoir un lynx », commence Maarten. « Je ne savais pas que l’on n’en avait jamais photographié en Belgique ! »
Le lynx, une espèce de chat aussi grand qu’un berger allemand, hante les bois et est presque insaisissable. « C’est ce qui le rend encore plus mystérieux que le loup. L’idée qu’un lynx vous observe quand vous ne le voyez pas est fascinante. » Ce n’est pourtant pas un hasard si Maarten est parvenu à le photographier. Selon ses dires, il apprend depuis son plus jeune âge à « penser comme un animal ». « Petit, tous les êtres vivants m’intéressaient, et en particulier les animaux aborigènes. Je les capturais, les élevais, puis les relâchais. Pendant quelques mois, je me suis ainsi occupé d’un rat, mais aussi de toutes les souris communes. Quand je ne connaissais pas un animal, je me renseignais sur son mode de vie et son régime alimentaire. »
(Maarten Cuvelier, amoureux de la nature)
Maarten travaille comme arboriculteur professionnel. Aujourd’hui encore, il est inévitablement attiré par les animaux. En juin, il a filmé un loup à Duffel, à une distance de six mètres ! « J’ai senti mon cœur battre dans ma gorge », se souvient-il. « Ce n’était pas de la peur – traverser la rue est plus dangereux – mais c’est un véritable défi pour moi d’observer un tel animal le plus près possible. » Il ne se qualifie pas de photographe, car ses clichés servent uniquement de preuves. « Je ne m’intéresse pas seulement aux grands animaux : j’aime aussi les lézards et souris. J’apprécie également la compagnie des oiseaux dans les arbres quand je travaille. »
Fin juillet 2020, Arnout de Kapellen reçoit un appel téléphonique de son voisin, Marcel Peeters. « J’ai peut-être un patient pour toi », lui dit Marcel, force motrice du refuge ornithologique Brasschaat-Kapellen. Arnout est dentiste à Brasschaat. Et le patient en question est ailé ! Il s’agit d’un grand-duc femelle, l’un des plus imposants hiboux au monde, blessé au bec probablement lors d’une collision. Il n’est plus en mesure de s’alimenter seul. Heureusement, Arnout est un ami des animaux. Chez lui, il a des chats, poneys et poulets. Il a également un faible pour les rapaces depuis qu’Uilenvereniging Vlaanderen a accroché un nichoir pour eux dans l’écurie de son poney.
Le dentiste n’a pas besoin de temps de réflexion et s’engage immédiatement. « Je ne savais pas si le bec était fait d’émail, comme une défense d’éléphant, ou de corne, comme un ongle », explique Arnout. Il reproduit finalement le bec en composite, le matériau qu’il utilise dans son cabinet pour réparer les caries ou dents cassées. Résultat ? Après cette intervention dentaire spéciale, le grand-duc réapprend à manger et se rétablit très vite. Son œil avait également été touché lors de l’accident, mais l’animal voit désormais à nouveau très bien. « Le grand-duc use un peu son bec tous les jours. Il retrouvera donc prochainement un tout nouveau bec naturel », explique Arnout. Le patient retrouvera bientôt sa liberté. « Pour l’instant, l’animal est encore dans le jardin de Marcel. Je vais passer le voir tout à l’heure. »
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