Dans sa vingtaine, Isabelle Braekeveld a participé à des compétitions de triathlon. Pour la partie natation, elle s’entraînait avec les autres triathlètes dans un canal à Courtrai. C’est là qu’elle s’est initiée à la nage en eau libre, c’est-à-dire à la natation dans des plans d’eau en plein air, notamment les mers, les lacs, les rivières et les canaux. Mais avec l’agrandissement de sa famille, ce projet a été mis sur pause pendant un certain temps.
Jusqu’à l’été 2020, quand Isabelle part en city-trip à Amsterdam avec ses filles. Elles séjournent sur un chantier industriel entouré d’eau, dans un bateau géant avec de nombreuses cabines. Il y fait chaud, l’intérieur de la cabine est comme un sauna. « Partout, il y avait des gens assis confortablement sur les pontons. À ma grande surprise, ils ont sauté dans l’IJ pour se rafraîchir. Comme ça. »
Immédiatement, Isabelle dit à ses filles : « À notre tour ? » C’est l’amour au premier plongeon, « une superbe soirée », se remémore Isabelle. Trois matins de suite, Isabelle va d’abord courir avant de plonger à l’eau. « La ville était magnifique, mais ce sentiment de liberté a été le véritable temps fort de ce voyage. Depuis, je ne peux pas passer devant une flaque d’eau sans vérifier si je peux y sauter. »
Isabelle a été tellement séduite par son expérience aux Pays-Bas qu’elle a pris l’habitude de nager en eau libre chez elle, principalement dans le Vosselare Put, un ancien bras de la Lys où il est possible de le faire en toute sécurité et en toute légalité. À un kilomètre de sa maison à Kuurne, se trouve un lac où son grand-père nageait et où elle nage régulièrement après avoir couru. « Cette envie se manifeste déjà pendant que je cours. Puis je me dis : je le fais ? En général, c’est plus fort que moi. J’enlève alors rapidement mes vêtements de course et j’entre dans l’eau en sous-vêtements. »
Isabelle n’est pas la seule à aimer la nage en eau libre. Dans la région, elle trouve de nombreuses personnes partageant la même passion. Il semble qu’il y ait toute une communauté de nageurs qui osent braver les eaux libres. « Puis, par exemple, à la pleine lune, nous allons nager en eau froide avec de la musique et un thermos de thé chaud. Ce sont des expériences merveilleuses. » La nage en eau froide – nager ou plonger dans de l’eau très froide – ajoute une dimension supplémentaire, selon elle. Cela la détend et la revigore en même temps. « Si je nage le matin, je me sens en forme pour le reste de la journée. Quand j’arrive au travail, mes collègues remarquent immédiatement si j’ai été nagé ou pas. »
En Belgique, il n’y a qu’un nombre limité d’endroits où l’on peut légalement nager en eau libre, toujours sous la surveillance d’un sauveteur. En dehors de ces endroits, les nageurs en eau libre risquent une amende. Certains clubs de natation ou de triathlon organisent des entraînements légaux en eau libre, et l’adhésion à un tel club est souvent le moyen le plus simple d’y nager.
Aux Pays-Bas, c’est le contraire : il est de la responsabilité de chacun d’entrer dans l’eau en toute sécurité et l’activité n’est explicitement interdite que dans les endroits dangereux, par exemple en raison de la mauvaise qualité de l’eau. « L’Allemagne et la Suisse sont également plus en avance », explique Isabelle. « Là-bas, des tronçons entiers de rivières sont réservés aux nageurs. Il serait bon que la Belgique suive l’exemple. Il existe de nombreux endroits où l’on peut nager en toute sécurité et de manière organisée. »
De plus en plus d’études scientifiques confirment les bienfaits de la natation en eau libre. Une baignade dans une eau froide et naturelle est bénéfique pour le corps et l’esprit. Elle réduit le stress, améliore le sommeil, stimule la forme physique et offre un moment de pleine conscience. En effet, dans l’eau : pas d’écran ! Il semblerait également que la nage en eau libre stimule le système immunitaire et le cerveau et permet de lutter contre la dépression.
Isabelle en ressent les effets sur son corps et son esprit. « Cela fait 30 ans que je mange sainement et que je mène un mode de vie sain », explique-t-elle. « L’eau est un aspect supplémentaire qui y contribue. Parfois, un plongeon me procure tellement de bonheur et me permet de me sentir bien dans ma peau. La nage était la dernière pièce du puzzle. Cela me permet de rafraîchir toutes les parties de mon corps, comme un reset. Je suis toujours occupée, mais l’eau m’apaise. Je ne sais pas si je peux qualifier cela de thérapeutique, mais cela me procure un sentiment de bonheur et de détente intense. »
La camaraderie a également des vertus salvatrices. Isabelle fait partie d’un groupe WhatsApp avec environ 200 autres nageurs en eau libre. Lorsque quelqu’un ressent l’envie irrésistible d’aller nager, la question « Qui vient ? » apparaît dans la conversation. Il arrive que de parfaits inconnus aillent nager ensemble. « L’un apporte du thé, l’autre des biscuits. Au bord de l’eau, nous apprenons à nous connaître. » Mais Isabelle a tout de même des amis nageurs réguliers avec lesquels elle se rend chaque semaine au Vosselare Put, au Blaarmeersen et sur la côte belge. « C’est plus chouette que de faire des longueurs ennuyeuses dans une piscine toute seule », dit-elle en riant.
Envie de vous essayer à la nage en eau libre ? Avant de vous jeter à l’eau, veillez à vous équiper correctement :
• Isabelle préfère nager sans combinaison, mais c’est un choix personnel. Chaque nageur fait ce qui lui convient le mieux. Une combinaison de plongée protège du froid et du soleil, réduit les frottements avec l’eau et permet de mieux flotter.
• « L’eau froide peut affecter votre organe d’équilibre, ce qui peut vous donner des vertiges », explique Isabelle. C’est pourquoi, en eau froide, elle nage toujours avec des bouchons d’oreille.
• Indispensable aussi dans le froid : un bonnet de bain. « S’il fait très froid, j’en mets même deux », dit sur un ton rieur Isabelle. « Des gants et des chaussures d’eau sont également utiles. Les extrémités du corps sont les plus sensibles au froid. Quand on sort de l’eau, on a parfois du mal à se rhabiller. »
• Une serviette est indispensable pour se sécher après la baignade. Un thermos rempli de thé ou d’une autre boisson chaude pour se réchauffer est également une bonne idée.
Il y a d’autres raisons pour lesquelles Isabelle préfère l’eau naturelle à la piscine. « En hiver, je nage de toute façon beaucoup à l’intérieur pour rester en forme », dit-elle. « Mais rien ne vaut une bonne bouffée d’oxygène en plein air, loin du chlore et de l’air vicié. À l’extérieur, vous sentez le soleil sur votre dos et êtes en contact avec la nature, avec les arbres et les oiseaux. » C’est pour cette raison qu’elle préfère nager sans combinaison. « De cette façon, je me sens vraiment en contact avec l’eau. Et avec les méduses », ajoute-t-elle avec un clin d’œil. « En fin de compte, c’est leur eau, je suis déjà ravie de pouvoir y nager. »
Le fait qu’Isabelle cherche l’eau le plus souvent possible n’a rien d’étonnant. « En fait, je regarde toujours autour de moi : où y a-t-il de l’eau ? Puis-je m’y baigner ? » Même à la côte, elle se jette toujours à l’eau, qu’il fasse beau ou non. Peu importe qu’on soit au mois de novembre, elle porte toujours un bikini sous ses vêtements lorsqu’elle va se balader sur la plage.
Grâce à une amie nageuse, Isabelle a découvert l’ultra swim en 2023. Une suite logique. « Je fais habituellement du sport sur de plus longues distances. En ce qui concerne la course à pied, je courais surtout des marathons, des ultras rails et des trailruns. » C’est pourquoi elle s’est lancée dans l’AllCover Coast, qui consiste à nager une distance de 16 km de Nieuport à Ostende. Elle a également participé à un événement d’ultra swim en Croatie, qui comprenait des épreuves de natation réparties sur quatre jours autour de l’île de Hvar. « Pour cet événement, nous avons commencé avec 102 participants, dont 30 n’ont pas atteint la ligne d’arrivée. J’ai terminé 13e au niveau des femmes après un peu moins de 12 h passées dans l’eau. » La compétition avec les autres ou le chrono, très peu pour elle. « Avant, la compétition me mettait parfois sous pression », admet-elle. « Aujourd’hui, je ne nage pas pour réaliser des exploits ou pour me vanter, mais pour me connecter à la nature et ressentir les sensations dans l’eau. Tout fait sens désormais. »