Se vêtir a toujours été une nécessité vitale, et pour certains, cela va beaucoup plus loin. Qu’il s’agisse d’une barrière thermique salvatrice pour affronter un violent blizzard en haute montagne ou d’une tenue tendance adaptée à la vie urbaine, il y a un dénominateur commun : la plupart d’entre eux sont fabriqués en matières synthétiques. Pour quelle raison ? Et quel est exactement leur impact environnemental ?
Le polyester, la fibre synthétique la plus utilisée, a été inventé dans les années 1940. Il présentait des propriétés particulièrement intéressantes : légèreté, solidité, séchage rapide, respirabilité et imperméabilité. Idéal donc pour les vêtements techniques ! Cette matière était donc très appréciée des sportifs et des aventuriers. Mais depuis les années 2000, les fibres synthétiques sont également très prisées par l’industrie de la fast fashion. Elles se sont massivement imposées pour devenir la matière de prédilection pour les vêtements. Aujourd’hui, les collections de plein air et de prêt-à-porter sont donc souvent composées (entre autres) de polyester. Et c’est un gros problème.
Cela vous surprendra peut-être, mais les matières synthétiques sont fabriquées à partir de combustibles fossiles, et plus particulièrement à partir du pétrole. Cette fameuse ressource qui est transformée en carburant… Et comme vous le savez sans doute, les combustibles fossiles sont précisément la cause de la crise climatique. Ils ne sont pas renouvelables et leur combustion est source de pollution. Nous devons donc y renoncer, le plus tôt possible !
L’industrie des combustibles fossiles l’a bien compris. Avec l’essor de la voiture électrique, l’utilisation du pétrole va être progressivement réduite. L’industrie s’y prépare depuis longtemps en cherchant un nouveau marché pour son or noir. La production d’une matière synthétique bon marché comme le polyester lui a offert ce nouveau débouché. On connaît la suite : aujourd’hui, le polyester est présent dans plus de la moitié de la production textile. C’est deux fois plus que le coton, la fibre naturelle la plus utilisée au monde. La production de laine fait pâle figure en comparaison : la laine représente 1 % seulement de la production mondiale de textile.
On sait que tous les textiles libèrent des microfibres au cours de leur fabrication et de leur utilisation. Dans le cas des matières synthétiques, ces fibres sont en plastique. C’est ce qu’on appelle les microplastiques. Ces minuscules particules de plastique sont si petites qu’elles se retrouvent presque partout : dans les océans, dans les sols, et donc aussi dans notre alimentation et même dans notre organisme. Alors que le monde commence peu à peu à prendre conscience de leurs éventuels effets néfastes à long terme, une chose est sûre : le plastique n’a pas sa place dans la nature ni dans le corps humain.
Mais l’industrie textile n’est pas la seule coupable. Les pneus de voiture, les produits cosmétiques et les déchets plastiques contribuent également à la pollution par les microplastiques. L’industrie commence néanmoins à se pencher sur le problème. La qualité du textile (notamment la longueur et la densité des fibres) semble ainsi jouer un rôle important : plus la qualité est élevée, moins la quantité de microfibres libérées est importante. La méthode de teinture utilisée lors du processus de fabrication peut également avoir une influence. Les méthodes d’analyse sont encore très récentes. Il reste donc encore beaucoup de procédures de test et de techniques de remédiation à développer pour éliminer les microplastiques tout au long de la chaîne de production.
Patagonia n’a pas voulu attendre. La marque mesure la quantité de microfibres libérées pour valider la qualité d’un tissu. Depuis plus de 40 ans, la marque sait que la fast fashion est non seulement mauvaise pour votre portefeuille, mais aussi pour l’environnement. Elle met donc un point d’honneur à proposer des produits de qualité conçus pour durer le plus longtemps possible. Ce qui nous amène à la question suivante : que pouvez-vous faire en tant que consommateur ?
Cela peut sembler une évidence, mais pour se défaire des combustibles fossiles au sein de l’industrie textile, il faut commencer par acheter moins de vêtements. Mais qu’en est-il des vêtements que vous possédez déjà ? Lavez vos vêtements de préférence avec une lessive liquide (pas de poudre) et à basse température. Vous pouvez également installer un filtre sur la sortie d’eau de votre machine à laver pour récupérer les microfibres avant qu’elles ne soient évacuées avec les eaux usées (et finissent dans les océans). Ou utilisez tout simplement un sac à linge Guppyfriend. Plus simple encore : mettez vos vêtements moins souvent à laver à la machine ! Parfois, il suffit de les aérer. Lavez vos jeans le moins souvent possible. Vous pouvez également placer vos vêtements (en les glissant dans un sac de congélation ou une taie d’oreiller) au congélateur pendant 24 heures : adieu les mauvaises odeurs !
Si vous avez besoin d’un nouveau vêtement, demandez-vous à quel usage il sera destiné. Avez-vous vraiment besoin des propriétés techniques d’un tissu synthétique ? Pour les vêtements de sport et de plein air, cela peut s’avérer très utile. Dans ce cas, optez plutôt pour des matières synthétiques recyclées. Si les propriétés de séchage rapide, de respirabilité et d’imperméabilité ne sont pas particulièrement importantes pour vous, choisissez de préférence des matières naturelles (recyclées).
Saviez-vous que certaines matières naturelles comme la laine, le chanvre et le Tencel® (mieux connu sous le nom commercial de Lyocell) possèdent également certaines propriétés techniques ? En fonction de vos besoins, elles n’ont rien à envier aux fibres synthétiques. Les microfibres libérées par les matières naturelles présentent l’avantage de pouvoir se dégrader naturellement. Plus le textile est transformé, moins il sera biodégradable. Mais de manière générale, les fibres naturelles sont moins nocives pour l’environnement. Et si vous souhaitez réduire encore plus votre impact environnemental, les matières naturelles recyclées restent le meilleur choix.
Petite précision : les fibres synthétiques (recyclées) sont souvent mélangées aux matières naturelles (recyclées) pour combiner leurs propriétés, et surtout pour augmenter la solidité du vêtement. Cela permet de réduire la dépendance à l’égard des combustibles fossiles, ce qui est déjà un pas dans la bonne direction. Veillez toutefois à bien entretenir et réparer votre vêtement, car les matières mélangées sont plus difficiles à recycler. En prenant soin de votre vêtement, vous prolongerez sa durée de vie tout en réduisant considérablement son empreinte écologique.
Si vous avez vraiment besoin des propriétés techniques des matières synthétiques, optez de préférence pour des fibres recyclées. Cela vaut également la peine de vérifier la composition du tissu. Aujourd’hui, le polyester recyclé provient à 99 % de bouteilles PET recyclées (rPET). Il réduit donc notre dépendance aux combustibles fossiles, mais ce « downcycling » n’est pas non plus la solution idéale. À l’avenir, le secteur du textile devra développer des solutions de recyclage en boucle fermée : les bouteilles PET redeviennent des bouteilles PET et votre polaire redevient une polaire.
Grâce aux boîtes de recyclage présentes dans tous les magasins A.S.Adventure, vos affaires usagées deviennent les matières premières de demain ! Si vos chaussures ou vêtements usagés ne peuvent pas être réparés et réutilisés, nous transformons ces textiles en matières premières pour créer de nouveaux produits.
Chez A.S.Adventure, vous trouverez par ailleurs une marque qui a déjà recours au recyclage en boucle fermée : Blue LOOP Originals. Cette entreprise fabrique des vêtements à partir de vieux jeans et d’autres textiles recyclés. Pour l’instant, elle fait cependant figure d’exception. Avec sa collection NetPlus, Patagonia mise également sur les matières recyclées, et plus particulièrement les vieux filets de pêche ! En se servant des déchets existants (comme le plastique qui pollue les océans) pour fabriquer de nouveaux produits, la marque n’est plus tributaire des combustibles fossiles : une formule gagnant-gagnant.
La durabilité d’un produit dépend de la façon dont vous l’utilisez. Veillez à bien entretenir votre équipement, lavez vos vêtements uniquement quand c’est nécessaire, en choisissant le bon programme, et si possible avec un sac à linge Guppyfriend. Si vous avez besoin d’un nouveau vêtement, faites des achats raisonnables et intelligents. Les matières synthétiques recyclées ne sont qu’une partie de la solution pour s’affranchir des combustibles fossiles. Optez de préférence pour des textiles fabriqués à partir de déchets plastiques (marins) qui resteraient sinon dans la nature.
Envie d’en savoir plus à ce sujet ? Nous vous recommandons chaudement le film « The Monster in Our Closet » qui a été projeté lors de l’Explore Academy consacrée aux textiles synthétiques, en collaboration avec Patagonia. N’oubliez pas de consulter régulièrement la page de notre Explore Academy pour rester informé(e) des événements à venir. Heureusement, vous pouvez (re)voir le film ici. Installez-vous confortablement et bon visionnage !
Nelson Coomans est Coordinateur Durabilité chez Elements, qui distribue notamment la marque Patagonia, mais aussi d’autres marques pionnières comme Klean Kanteen et Houdini. Il suit de près les développements d’un modèle d’économie circulaire au sein du secteur.
Saviez-vous que les vieux filets de pêche causent beaucoup de dégâts et libèrent des microplastiques dans l’océan ? Avec sa collection NetPlus, Patagonia en fait des doudounes, des pulls et des casquettes !
Pour renoncer aux combustibles fossiles, nous devons reprendre le pouvoir sur les gros producteurs d’énergie. Patagonia lance des pistes dans sa campagne « We the Power ».