Tout le monde peut planter sa tente dans le jardin de Marc, sur les hauteurs ardennaises. Une seule règle à respecter : « Le jardin est ouvert au bivouac, pas au camping. »
Imaginez : après une longue journée de randonnée ou de vélo, épuisé mais heureux, vous montez votre tente sur les hauteurs, parmi les bouleaux, les pins et les sureaux. Vous cueillez des mûres fraîches dans un buisson et les dégustez tout en contemplant la vue, songeur : à des kilomètres à la ronde, il n’y a que des bois. De temps en temps, un chevreuil se promène et un épervier vous survole. Votre repas du soir mijote sur le feu de camp. Tout autour, des palettes recouvertes de coussins vous permettront bientôt de vous réchauffer ou de bavarder confortablement près des flammes crépitantes. Ça ressemble au paradis ? Ça l’est. Et c’est à La Roche-en-Ardenne que cela se passe.
• 70 ans
• Vit dans le centre d’Anvers (mais passe le plus clair de son temps dans son chalet dans les Ardennes)
• Aime la course d’orientation, le kayak de randonnée, le VTT, l’escalade et le ski
• Propriétaire d’un magnifique domaine à La Roche-en-Ardenne
• Invite tout le monde à venir bivouaquer sur les hauteurs de son splendide domaine
Marc Ceulemans est fier de son paradis de nature. Le domaine a la superficie d’environ deux terrains de football. Différentes espèces d’arbres et de buissons cohabitent et vous verrez toutes sortes d’animaux passer : « Des chevreuils aux grues, en passant par des lézards, des renards, des sangliers et parfois même un raton laveur. Je vois des chevreuils presque tous les jours, le soir on les entend aboyer », explique-t-il. Au milieu de toute cette nature, Marc a prévu quelques emplacements de bivouac. « Ici, tout le monde peut venir passer une nuit gratuitement. J’accueille au maximum deux à trois tentes à la fois, ce qui permet de garantir le calme. »
Tous les amoureux de randonnées sportives et aventureuses sont les bienvenus. Plusieurs sentiers de randonnée passent par « sa montagne ». « L’Eisleck Trail, le GR 57 et la Transardennaise passent à proximité », précise-t-il. « De nombreux randonneurs viennent donc passer la nuit ici. » Outre des randonneurs, Marc accueille également beaucoup de cyclistes et de packrafters. « Des personnes d’univers très différents, et donc des rencontres passionnantes », estime-t-il.
« Je ne veux pas faire concurrence aux campings. Le domaine est ouvert au bivouac, pas au camping », insiste Marc. « Les bivouaqueurs sont des amateurs de plein air qui se contentent de peu. Après une journée de randonnée, de vélo ou de kayak, ils montent leurs tentes, font un feu et se glissent dans leur tente. Le lendemain matin, ils se lèvent à leur aise et poursuivent leur route. »
Ce faisant, il suit le principe de base de Welcome To My Garden (Bienvenue dans mon jardin) : une plateforme en ligne où les adeptes du slow travel peuvent trouver un emplacement de camping gratuit, dans les jardins des gens. « J’offre aux visiteurs un endroit sûr pour la nuit, où ils peuvent planter leur tente, accéder à de l’eau potable et du bois pour faire un feu. Et où ils peuvent éventuellement partager leurs expériences. »
Les visiteurs peuvent consigner leurs découvertes, leurs expériences et leurs conseils dans une sorte de livre d’or, pour Marc et pour les prochains visiteurs. « C’est comme le "livre de cabane" que l’on trouvait autrefois dans les refuges de montagne. Mes invités peuvent s’inspirer des itinéraires des uns et des autres. Et pour moi, c’est amusant de lire ce qu’ils pensent de cet endroit. Les commentaires sont unanimement élogieux », se réjouit-il.
En 2022, il a reçu au total une centaine de visiteurs, souvent des groupes de trois ou quatre amis. Il a accueilli des Wallons, des Flamands, des Français, des Allemands, des Anglais, des Hollandais... Des familles avec enfants jusqu’à des aventuriers d’un certain âge. « La semaine dernière, une famille avec des adolescents est venue me rendre visite, tous armés de leur sac à dos. C’était leur première expérience de bivouac et ils se sont montrés très enthousiastes, qualifiant ce lieu de paradis. Ils ont mangé des crêpes autour du feu de camp et joué à la pétanque. Ils ont rempli deux pages entières de mon livre de cabane. »
« La semaine dernière, une famille avec des adolescents était présente. C’était leur première expérience de bivouac. Ils se sont montrés très enthousiastes, qualifiant ce lieu de paradis. »
« Un été, un cycliste de plus de 70 ans a séjourné ici. Il est descendu de son vélo et a sorti une flûte à bec. Jouant moi-même de la guitare et de la flûte à bec, nous avons fait de la musique ensemble le soir autour du feu de camp. »
Il n’a refusé des visiteurs qu’une seule fois : « À leur arrivée, ils ont commencé à décharger un équipement de camping complet de leur camionnette, allant d’une tente de bungalow à des tables, des chaises et des bacs de bière. Je leur ai gentiment indiqué un camping à proximité. Comme je l’ai déjà dit, c’est un lieu de bivouac, pas de camping. »
« J’ai créé un mini-camp de base », résume Marc. « C’est primitif, mais il y a tout ce qu’il faut. » Grâce à un code qu’ils reçoivent à leur arrivée, les visiteurs ont accès au pavillon. Le mot « pavillon » peut paraître un peu pompeux pour cette petite cabane en bois d’un bleu éclatant. Mais cette cabane d’un mètre carré abrite des toilettes, des ustensiles de cuisine, des livres et des cartes, des casseroles et des poêles, des couvertures de réserve et bien d’autres choses encore. Voici ce à quoi vous pouvez vous attendre :
• Eau : « Je mets toujours un bidon d’eau fraîche à la disposition des visiteurs. »
• Toilette sèche : Dans une cabane en bois bleue, autrefois la cabane des enfants, Marc a installé des toilettes sèches. « Ces toilettes sont bio. Elles fonctionnent avec de la sciure de bois et ne consomment pas d’eau. »
• Douche extérieure au milieu des arbres : « Chaque matin, je remplis une cruche d’eau froide. Je la suspends à deux mètres du sol, au soleil. Le soir venu, l’eau s’est réchauffée et deux personnes peuvent se doucher. Un paravent offre l’intimité nécessaire. »
• Feu de camp : « Autour du feu de camp se trouvent des palettes recouvertes de coussins, l’endroit idéal pour clôturer agréablement une journée bien remplie. »
• Casseroles et poêles : « Les personnes qui souhaitent cuisiner ou faire des grillades peuvent suspendre une marmite en fonte à trois poteaux, au-dessus du feu. Il y a un tas de bois que les visiteurs peuvent utiliser. »
• Boissons : « La nuitée est gratuite, mais ceux qui le souhaitent peuvent acheter un verre de vin ou une bière à boire autour du feu de camp. »
• Jeux : « On peut jouer au tir à l’arc et aux échecs, au Kubb ou à la pétanque. »
• Mini-bibliothèque : « Il existe une série de livres qui proposent des itinéraires de randonnée dans la région ».
• Couvertures de réserve : « Certains bivouaqueurs sont surpris par le froid dans les Ardennes. Je mets donc à disposition des couvertures supplémentaires. »
• Recharge de GSM : « Bientôt, les visiteurs pourront recharger leur smartphone grâce à un panneau solaire. Ils n’utilisent plus de cartes routières, mais Komoot et d’autres applications pour créer leurs itinéraires. »
Welcome To My Garden a été fondée en 2020 par Manon Brulard et Dries Van Ransbeeck, tous deux basés à Bruxelles. Grâce à la plateforme en ligne, tout le monde peut proposer des nuitées gratuites dans son propre jardin.
En 2019, le duo a fait Bruxelles-Tokyo à vélo. Quelques mois après leur retour, les frontières du pays se sont fermées et, comme tout le monde, ils ont dû chercher l’aventure dans leur propre pays. Comme le camping sauvage est interdit en Belgique et que de nombreux sites de bivouac étaient fermés, Manon Brulard et Dries Van Ransbeeck ont lancé Welcome To My Garden. Ils aident ainsi les gens à découvrir leur propre pays et offrent aux aventuriers la certitude de savoir où dormir avant même leur départ. Depuis, la plateforme a également gagné en popularité en dehors de la Belgique.
Sur le site Welcome To My Garden, vous pouvez cocher des itinéraires de randonnée et cyclables. Le site vous indique alors immédiatement quels sites de bivouac se trouvent le long de votre itinéraire.
Marc a travaillé pendant toute sa carrière comme inspecteur technique chez TotalEnergies dans le port d’Anvers. Il vit encore en partie à Anvers. « La ville a ses avantages, mais je préfère être dans la nature. Je passe environ 80 % de mon temps dans les Ardennes. »
C’est un aventurier dans l’âme. Il pratique régulièrement le kayak de randonnée, l’escalade, le VTT et la course d’orientation, en Belgique comme à l’étranger. « La course d’orientation est excellente pour la mémoire, ce sport aide l’esprit à rester alerte. J’en constate aujourd’hui le bénéfice. » Il participe encore à des compétitions de plusieurs jours et donne des cours de course d’orientation à des jeunes à De Mosten à Hoogstraten. « Savoir se servir d’une carte et d’une boussole est l’un des aspects les plus importants de la vie en plein air », déclare-t-il. « C’est souvent présenté comme très compliqué, mais en réalité ce n’est pas si difficile. »
C’est aussi grâce à la course d’orientation que Marc et sa femme se sont retrouvés sur les hauteurs de La Roche-en-Ardenne il y a 25 ans. « Nous avons participé ensemble à une course d’orientation dans la région de La Roche. Ensuite, nous avons discuté avec un autre couple de participants, qui nous a invités dans leur chalet. Qu’il était magnifique ! Nous leur avons demandé s’il y avait quelque chose à vendre dans les environs, mais hélas non. Quelques mois plus tard, ce couple nous a appelés : un chalet avait été mis en vente près de chez eux ! Ma femme et moi avons immédiatement été visiter l’endroit. Il s’est avéré sans intérêt, mais en chemin, nous sommes tombés sur ce domaine-ci. La route était envahie par les genêts ; nous ne pouvions pas passer en voiture. Mais c’était un endroit merveilleux. Notre première fois ici, nous avons campé, par une nuit calme de juin sans vent. Le sommet de la montagne était envahi de lucioles, illuminant toute la forêt. Un spectacle fantastique ! Nous avons acheté le domaine et baptisé notre chalet : "Les Lucioles". »
En 2020, la femme de Marc est décédée d’un cancer. « Après sa mort, je suis parti dans les Alpes pendant dix jours, avec mon sac à dos et ma tente, pour faire le point. Je suis revenu en y voyant plus clair. Ma femme m’accompagnait dans toutes mes aventures : nous faisions ensemble des randonnées à vélo, des randonnées en montagne, des courses d’orientation. J’ai compris que je devais continuer à vivre ce genre d’aventures pour éviter de sombrer. C’est pourquoi je me suis proposé comme hôte sur Welcome To My Garden. En outre, c’était un bon moyen d’avoir des interactions avec les gens pendant la pandémie. »
Le chalet de Marc se trouve à une centaine de mètres des emplacements de bivouac. « J’y conserve beaucoup de disques, beaucoup de livres et mes chaussures de randonnée. Je n’ai pas besoin de luxe et je me contente d’un seul panneau solaire. J’aime moi aussi partir à la découverte de cette région. Randonnée, VTT, kayak ou baignade dans l’Ourthe. Mon sac à dos et ma tente sont toujours prêts. »
« J’aime que les gens apprécient mon domaine » – Marc
« Je montre aux visiteurs où ils peuvent planter leurs tentes et je les laisse tranquilles, tout en restant joignable. Ils ont leur intimité. Bien qu’il m’arrive parfois de m’asseoir autour du feu de camp le soir avec les invités. C’est agréable et bon pour mes connaissances linguistiques », dit-il en riant. « Je n’ai accueilli que des gens sympas. Et j’aime que les visiteurs apprécient mon domaine. »
• La nuitée sur les hauteurs du domaine de Marc est gratuite.
• Vous êtes le bienvenu pour une nuit.
• Les chiens sont acceptés.
• Rendez-vous sur Welcome To My Garden pour contacter Marc et faire une réservation.
Cet été, il emmènera ses petites-filles faire du kayak en Frise ou faire du vélo au Cap Gris Nez en France. Où passera-t-il la nuit ? « Dans les lieux de bivouac Welcome To My Garden situés le long de notre itinéraire, bien sûr ! »
• Le Cheslé: « De l’autre côté de l’Ourthe, près de Bérismenil, vous pouvez visiter une forteresse celte. Très intéressante à voir, y compris pour les enfants. »
• Café Den Erpel: « Il n’y a pas beaucoup de cafés dans la région, mais à Maboge, cet agréable café est tenu par un Flamand depuis plusieurs années. Vous pouvez prendre un verre sur une agréable terrasse entourée de verdure. »
• Barrage de Nisramont: « Il s’agit d’une belle randonnée d’un peu moins de 15 kilomètres. Les deux Ourthe s’y rejoignent et continuent leur route ensemble jusqu’à Liège. »
• Le paroi rocheuse du Hérou: « Cet impressionnant éperon rocheux sur l’Ourthe offre des sentiers et des vues spectaculaires. Vous descendez sécurisé par un câble le long d’une belle étendue de nature sauvage. »
• Maboge-Plage: « En été, il est agréable de passer un moment dans ce site verdoyant équipé d’une aire de jeux et offrant un accès à une zone de baignade dans l’Ourthe. »
• Les pierres blanches de Mousny: « À deux villages de là, on peut pique-niquer sur les grands rochers blancs à la lisière de la forêt. La légende raconte qu’il s’agirait d’un berger et de son troupeau qui se seraient transformés en pierres. »
• La vallée de l'Ourthe: « C’est un magnifique coin de nature pour faire de la randonnée. Suivez les rives de l’Ourthe de Nisramont à Maboge et vous en aurez plein la vue. »